Les cartes à jouer sont un accessoire presque indispensable pour tout magicien. Les mentalistes les utilisent également régulièrement. Je suis sûr que vous aussi vous avez déjà joué aux cartes… Poker, Belotte, Tarot… Mais aussi Uno, 7 familles ou 1000 bornes ! Les cartes à jouer les plus courantes sont les cartes anglaises (celles utilisées au Poker).
C’est à la fois un accessoire très simple et en même temps très riche. Règles, couleurs, dessins, signification, histoire… Nous allons ici aborder quelques points intéressants sur les cartes à travers le temps…
Une histoire de Temps
Si l’on sait que les cartes à jouer sont très anciennes, on ne peut pas en affirmer avec certitudes les origines. En effet, les cartes ont toujours été en papier ou en carton et sont par conséquent un bien qui vieillit très mal et passe difficilement les siècles. La plus ancienne carte retrouvée à ce jour date de l’année 1400 environ. C’est Albert Von Le Coq qui est à l’origine de cette découverte en 1905 à Tourfan, dans la province du Xinjiang.
Certains historiens affirment que les cartes ont été inventées en Chine pendant la Dynastie Tang (618 – 907). Elles auraient ensuite traversé le continent asiatique et se seraient diffusées jusqu’en Turquie, dans le sultanat Mamelouk du Caire par où seraient donc arrivées les premières cartes européennes à la fin du XIVe siècle. Cependant le manque de preuves concrètes nous invite à la prudence…
La petite histoire de temps intéressante dans les cartes est celle-ci :
Il y a 52 cartes dans un jeu : comme les 52 semaines de l’année.
On retrouve 4 couleurs (deux rouges, deux noires) : comme les 4 saisons.
De plus, il y a 13 cartes par famille, en référence aux 13 mois lunaires du calendrier Egyptien.
Enfin, si on additionne tous les points de toutes les cartes avec pour le valet 11, pour la dame 12 et pour le roi 13, on obtient 364. Avec le Joker on arrive à 365 : comme le nombre de jours dans une année…
Autant d’informations curieuses et intéressantes qui peuvent servir de préambule captivant pour un tour de magie sur le thème du Temps.
Des symboles connus
Les cartes à jouer n’ont pas toujours eu les symboles que l’on connait. Nous sommes familiers aujourd’hui avec le Pique, le Cœur, le Trèfle et le Carreau. Or, ces symboles sont assez récents et dateraient en réalité de la fin du XVème siècle, en France. Effectivement, ces enseignes seraient en réalité une simplification des enseignes germaniques. Les fameux Grelots, Glands, Feuilles et Cœurs ont donc été revisités par les cartiers français afin de permettre une impression plus rapide et moins coûteuse.
L’Espagne et l’Italie, quant à eux, utilisent (parfois encore) les enseignes Latines où l’on retrouve le Bâton, la Coupe, le Denier et l’Epée.
Même les figures, du Valet à la reine ont subi des altérations à travers le temps. En effet, dans les premiers jeux de cartes européens, la Dame n’existait pas. Elle a peu à peu remplacé le Cavalier, qu’on ne joue désormais qu’aux cotés des atouts dans les jeux de tarot.
Design
l y a eu beaucoup de changements dans le design des cartes. A l’époque, elles étaient souvent recopiées, et de fabrication à la main ! Des variantes (nombreuses) sont apparues et des références se sont également perdues. Saviez-vous que la feuille que tient le Valet de Cœur était auparavant une épée ? Eh oui, les multiples copies, parfois trop approximatives ont eu raison de son tranchant !
La mise en place de la symétrie sur les cartes à jouer a également beaucoup influencée le design des cartes. De nombreux personnages en ont perdu la main ! C’est d’ailleurs pour cela que l’orbe royal du vieux Roi de Trèfle flotte maintenant dans les airs…
Aujourd’hui, les plus belles cartes à jouer sont certainement les Flamingo !
La naissance des Jokers
Mais d’où vient cette carte étrange et si puissante ? Effectivement, les Jokers n’étaient pas présents dans les anciens jeux. Ils sont seulement apparus dans les années 1860 aux Etats-Unis. Et tout cela grâce aux alsaciens ! Connaissez-vous le jeu de l’Euchre (prononcé “Yukeur”) ? Il a été importé aux Etats-Unis par les immigrants allemands. A l’époque, il s’appelait “Juckerspiel”, c’est-à-dire le jeu de Juker en allemand. Dans ce jeu, les deux cartes les plus puissantes sont les Bowers. Mais les américains voulaient une carte capable de battre d’un seul coup ces deux Bowers. Ils ont alors créé le Joker, désormais carte la plus puissante du jeu.
Les cartes à jouer, une hérésie
Même si jouer aux cartes reste aujourd’hui un pur plaisir, la pratique de ce jeu n’a pas toujours été bien vue. En effet, l’Eglise a perçue d’un très mauvais œil l’arrivée des cartes en Europe. Les religieux avaient même l’interdiction formelle d’y jouer. Et cela jusqu’au XVIIe siècle ! Elles étaient alors considérées comme « contraires à l’usage modéré des passions ». Certaines villes les ont même totalement proscrites. C’est le cas par exemple de Florence ou de Bâle. Même le Roi de Castille les a bannies à partir de 1377. Heureusement pour nous, tout cela fait désormais partie du passé, même si les cartes n’ont pas toujours les utilisations et règles qu’on attend d’elles, comme par exemple avec le tarot divinatoire, qui n’a pas vraiment les mêmes propriétés qu’une belote….
Le meurtre du roi de cœur
Voici un Roi de Cœur anglais. Vous ne remarquez rien d’étrange ? Ce Roi est en effet très particulier dans l’histoire des cartes à jouer. Tout d’abord, c’est l’unique Roi du paquet dépourvu de moustache. Bizarre. Mais c’est aussi le seul à avoir conservé ses deux mains. Etonnant. Mais le plus curieux, c’est tout de même ce qu’il fait de son épée vous ne trouvez pas ? Ce geste lui a d’ailleurs valu le nom de “suicide King”. Qui sait ? Peut-être serait-ce la Dame de Pique qui aurait commis ce meurtre ! On y retrouve le même motif que sur la manche tenant l’arme du crime… La rumeur court, même si une suite d’erreurs de copie au fil des siècles semble plus probable.
“Choisissez une carte, celle que vous voulez »
Les cartes à jouer en magie
Les cartes sont des accessoires utilisés en magie depuis toujours. Là encore, s’il est très difficile d’avoir des sources sûres, les historiens s’accordent pour dire que la cartomagie existe depuis de nombreuses années.
Au fur et à mesure de l’amélioration de la qualité des cartes à jouer, les tours possibles à réaliser avec celles-ci sont devenus plus nombreux et plus intéressants !
Aujourd’hui il est facile de faire imprimer un jeu de cartes sur-mesure. De ce fait, les cartes truquées sont devenues très courantes et très utilisées en magie.
Les différentes cartes truquées
La liste qui suit est très (très) loin d’être exhaustive et je ne sais pas s’il existe un site qui recense toutes les cartes et jeux truqués.
Il y en a aujourd’hui pour sûr plusieurs milliers différents !
Cependant, il y a quelques classiques intéressants à étudier :
Le jeu marqué :
C’est la remarque que l’on a le plus souvent en magie lorsque l’on devine quelle carte a choisi un spectateur. Un jeu marqué est un jeu de cartes dont les dos ont subi une altération. A l’impression où par la main du magicien. Le dos des cartes n’est plus identique sur les 52 cartes mais toujours différent, pour permettre au magicien de voir de quelle carte il s’agit, même s’il ne voit que le dos.
Des dizaines de marquages différents existent, soit très discrets, soit plus visibles, soit codés (il faut calculer pour retrouver la carte) soit camouflé dans les dessins de la carte… Les designs sont plus ou moins complexes. Il n’y a pas de jeu meilleur qu’un autre et tout dépend de l’utilisation qu’on en a ! Il y a même aujourd’hui des jeux dans lesquels on retrouve une puce RFID dans CHAQUE carte ! Rien que ça !
Le jeu biseauté :
C’est un jeu qui a pour particularité de proposer des cartes non pas rectangles, mais avec une très légère différence dans la taille des petits côtés.
Ce qui a pour effet de donner un “sens” aux cartes. Quand elles sont toutes dans le même sens, on dirait un jeu normal, qui se manipule comme tel… Mais retournez une carte et vous sentirez du bout des doigts les côtés de la carte dépasser ! De quoi la retrouver très facilement !
Le jeu Svengali :
On arrive dans un trucage plus évolué… C’est un jeu qui se compose de cartes longues et de cartes courtes. Chaque carte longue est différente et alterne (une sur deux) avec une carte courte. Généralement, les cartes courtes sont toutes les mêmes ! Ce qui a pour effet qu’à chaque fois que l’on coupe le jeu, on le coupe automatiquement en soulevant une carte longue (car on ne peut pas attraper en position de coupe une carte courte). Et on retrouve sur le dessus du paquet coupé une carte courte… Toujours la même ! C’est plus facile d’avoir un jeu en main que de tenter d’expliquer simplement ce que c’est ! Allez vite vous en procurer un !
L’exception française des cartes à jouer
La France a eu une très grande importance dans l’histoire des cartes à jouer. Tant au niveau de ses particularités que de son influence. Ce sont les cartes françaises qui s’imposent en Europe autour des années 1350. En effet, l’apparition du moulin à papier doublé du développement de la xylographie (impression de caractères sur des planches en bois) ont permis une diffusion beaucoup plus rapide des cartes à jouer. 2 grands modèles de cartes s’opposent alors. Celui de Rouen qui va s’étendre dans l’Europe de l’Ouest (Portugal, Pays-Bas, Scandinavie, …) jusqu’à devenir le standard en Angleterre et celui de Lyon qui, lui, va s’étendre à l’Est (Suisse, Allemagne, Italie du Nord, …).
Les noms français
Ici, l’on retrouve l’une des plus grandes particularités du jeu de cartes français. Les cartes ont un nom. En effet, les cartes françaises sont les seules cartes au monde à ce jour à posséder un prénom. Les prénoms des Rois sont même inspirés de grands personnages historiques.
Charles pour le Roi de Cœur, en référence à Charlemagne.
César pour le Roi de Carreau, en référence à Jules César.
Alexandre pour le Roi de Trèfle, en référence à Alexandre le Grand.
Et David pour le Roi de Pique, en référence au combat entre David et Goliath.
La symétrie
Retourner les cartes était un lourd fardeau. Au milieu du XVIIIe siècle, un dessinateur de cartes d’Agen a donc décidé de les rendre symétriques. Fini le calvaire !
Le design unique
On ne s’y retrouvait plus ! A chaque région son illustration. Napoléon Ier a alors pris la décision d’imposer le modèle de Paris. Une seule et même représentation des figures dans toute la France. Voilà qui est plus simple.
L’influence de la Révolution française
Avez-vous déjà vu ces cartes où les rois sont remplacés par des génies, les dames par des libertés, et les valets par des égalités ? Elles datent de la Révolution française. A cette époque, les cartes à jouer sont considérées comme des symboles idéologiques et des soutiens à la monarchie. Dans ce contexte, elles vont être modifiées pour correspondre aux attentes de la population. Toutes les références royales sont donc proscrites. Un bonnet phrygien masque la couronne, un soleil la fleur de Lys…
C’est même à cette époque que l’As fait son apparition pour symboliser la puissance du peuple face au roi.
En 1805, Napoléon Bonaparte met fin à ces changements et les cartes redeviennent alors comme elles étaient précédemment.
Vous avez envie de vous faire plaisir ?
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