La figure de la sorcière « diabolique » est encore bien ancré dans les moeurs aujourd’hui. Elle a connu retour fulgurant à l’époque du féminisme contemporain. Mais cette image de la sorcière magique « diabolique » a en réalité une très longue histoire. L’histoire commence à mi-chemin entre le Moyen Âge et Renaissance, au croisement de réalités historiques et de mythes d’une époque sombre. La sorcière possède d’innombrables visages. Elle est le reflet des multiples interprétations qui, au fil des siècles, ont composé et remodelé son image.
Si la figure de la sorcière, adoratrice de Satan, est une construction politico-religieuse fantasmatique. Elle n’en fait pas moins fond sur certaines réalités historiques. De nombreux historiens contemporains se sont penchés sur ces travaux pour démontré la complexité de la question sur la sorcellerie en Europe. Bien en loin de l’image figé, qui hante nos imaginaires…
Avant de se cristalliser sur des individus, la sorcellerie s’inscrit dans l’ensemble des croyances magiques. Longtemps détenues et héritées du paganisme d’après les écrits. Ce legs païen a sans doute été largement exagéré par Margaret Murray, l’une des premières anthropologues à s’intéresser à la sorcellerie dans The Witch-Cult in Western Europe (1921). Mais cet héritage n’en est pas moins réel. Il se manifeste particulièrement dans les fêtes paysannes (moissons, vendanges, etc.). Qui rejouent certaines scènes des grandes célébrations de la vie, de la fertilité et des forces de la nature. Franz Cumont souligne d’ailleurs que le sabbat – « le rendez-vous des sorcières » – pourrait dériver, étymologiquement, de sabazios qui est l’un des épithètes de Dionysos le dieu du vin et de l’ivresse.